Actu France Soir: Retraite - Pensions des “indigènes” : l’Etat joue la montre Les anciens combattants d’Afrique du Nord discriminés.
Quatre ans après l’émotion suscitée par le film Indigènes, les retraites des anciens combattants d’Afrique du Nord posent toujours problème : Mohamed Mechti n’a ainsi touché qu’un seul mois de sa nouvelle pension avant son décès dimanche.
La retraite militaire de cet ancien combattant marocain de la Seconde Guerre mondiale n’avait été « décristallisée » (alignée sur une pension française) qu’en décembre. « On joue la montre pour payer les retraites de ces anciens combattants indigènes, alors qu’ils sont très âgés et disparaissent un par un… ça ne grandit pas la République en plein débat sur l’identité nationale », s’emporte Naïma Charaï, conseillère régionale PS d’Aquitaine et présidente de l’association, Les oubliés de la République.
Vendradi soir, son association organisait un hommage à Mohamed Mechti – le modèle pris par Jamel Debbouze dans le film Indigènes – qui pendant dix-sept ans a servi la France, du débarquement en Italie jusqu’aux guerres coloniales.
Le 15 octobre 2008, le tribunal administratif de Bordeaux avait aligné les pensions militaires de six indigènes marocains sur celles de leurs frères d’armes français en vertu des accords Euro-Méditerranée de 1996 (une décision limitée aux ressortissants du Maghreb).
Car depuis 1959, les pensions de retraite de ces combattants d’Afrique du Nord avaient été minorées par la loi. « Ils touchent de huit à dix fois moins que les Français », explique Me Houssan Othman-Farah, l’un des six avocats bordelais de la coordination « décristallisation » (composée notamment de la Ligue des droits de l’homme, de la Cimade et de l’Institut de défense des étrangers du barreau de Bordeaux).
80.000 cas potentiels
« Que ce soit M. Chirac en 2006 ou M. Sarkozy en 2009, on n’est jamais avare de grandes déclarations mais quand il s’agit de payer, ça coince », déplore l’avocate de M. Mechti, Me Christelle Jouteau. Selon elle, le gouvernement a « délibérément entretenu une confusion entre les différents types de prestations servies aux anciens combattants des ex-colonies, laissant croire que le problème était réglé ».
Le tribunal administratif de Bordeaux doit rendre prochainement une nouvelle décision sur une cinquantaine de dossiers identiques aux six premiers jugés en 2008. Selon Les oubliés de la République, 80.000 anciens combattants des ex-colonies françaises ont toujours des retraites militaires cristallisées.
Edition France Soir du samedi 6 février 2010 page 9
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